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" Il faut un immense courage pour affronter une immense perte. " Francis Weller

Nous avons la possibilité de plusieurs mouvements face à notre traversée individuelle et collective. Soit nous optons pour une forme de retrait du monde, soit nous regardons ailleurs, soit nous accélérons encore et encore afin d'éviter ce qui est là. Quelque soit la forme choisie, celle-ci est mise en place pour éviter de ressentir dans notre coeur et notre corps l'écho, la résonance de ce que nous vivons collectivement.

Pourtant, une autre option s'offre à nous, celle de ralentir, voire de faire une pause. Et dans cette immobilité, de laisser nos ressentis émerger du chaos ambiant. Depuis cet espace, vient alors le moment pour nous de regarder en face la réalité de l'effondrement en cours, d'accepter de faire face à notre détresse dans un contexte plus large, comme un écho au monde qui souffre. Notre corps exprime alors la non séparation avec le vivant et le reste de l'humanité, il est en unité avec la Nature.

Eviter cette traversée nous affaiblit, l'énergie se terre alors au fond de nos corps, dans les recoins créés pour nos tentatives d'échappatoires. L'évitement, la séparation avec le monde vient s'accumuler dans les alvéoles de la complaisance avec nous-même, afin de ne pas ressentir ce que cette traversée collective nous fait éprouver.

Pourtant, notre capacité de compassion est la preuve que nous sommes interconnectés avec la vie toute entière. Quand nous accueillons nos émotions, une transformation s'opère et libère une énergie de reliance, de solidarité et d'action. L'expérience d'accepter notre peine pour le monde vient nous rappeler que nous ne sommes pas un corps isolé mais une partie d'un tout gigantesque, inséré dans "la toile de la vie".

Alors quand je vois ce qui se joue sur la scène du monde et au coeur même de nos villes, la colère qui gronde, le feu qui s'en vient, quand j'observe les regards qui se détournent, la non écoute, les mots biaisés, les mensonges, et bien d'autres attitudes et comportements séparateurs, la tristesse traverse mon coeur. Remonte alors comme dans un film toutes ces années passées avec les nombreux amis qui se reconnaîtront, à tisser du lien, à relier et offrir la parole à nombre de citoyens sur leur territoire, à faire vivre la gouvernance partagée, à relier citoyens et élus pour plus d'efficacité créatrice, à hisser la responsabilité et l'engagement citoyen au coeur de chaque action, etc.

Clap de fin !

Le vieux monde s'effondre et les tentatives de "colmatages" sont à présent totalement inefficaces. Il nous reste à nous ouvrir pleinement à ce qui est, et accepter ensemble, le changement d'état. Profonde gratitude à Johana Macy qui nous invite à nous "enraciner dans la gratitude et honorer notre souffrance pour le monde" afin de traverser non pas dans la fermeture de notre coeur, mais dans une ouverture, une vulnérabilité, une sensibilité qui célèbre notre humanité et fait de nous des êtres authentiques, sensibles et profondément vivants.

A la Vie !